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Camille Smadja-Vigier

Description de la thèse

Les enjeux logistiques de l'application des principes d'économie circulaire à l'alimentation (titre provisoire)

La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire de février 2020 entend accélérer le changement des modèles de production et de consommation afin de réduire les déchets et préserver les ressources naturelles. Cette loi fixe de nouveaux objectifs de réduction des déchets d'ici 2030 (-15% de déchets ménagers par habitant et -5% de déchets d'activités économiques) et prévoit de mieux collecter les déchets plastiques grâce au déploiement de nouveaux dispositifs de collecte, complémentaires à ceux qui existent déjà. Les marchandises alimentaires constituent un secteur d’application intéressant à plusieurs égards. La valorisation des déchets de ces produits alimentaires pouvant être généralisée à la majorité des produits, ils sont particulièrement ciblés par la loi. Le réemploi des contenants ou de la consigne s’insère par ailleurs dans des pratiques d’essor du vrac déjà en cours. Enfin, l’application de ces principes d’économie circulaire à l’alimentation s’inscrit en continuité des politiques publiques visant à favoriser des systèmes alimentaires durables (Loi Egalim, Plan Alimentaire Territorial). Au vu de ces enjeux, de nouvelles initiatives émergent sur les territoires. Elles visent à sensibiliser le grand public, sensibiliser ou former au réemploi (réseau consigne ), développer des lieux de collecte ou encore de lavage, favoriser la valorisation des déchets par débouché (restauration hors domicile par exemple) ou encore intégrer les technologies du numérique pour faciliter le suivi des contenants. Toutefois, la gestion optimisée des déchets par le biais du développement de filières de recyclage (notamment pour les biodéchets) ou la réduction des déchets par le biais de la consigne génèrent par ailleurs aussi des flux et de nouvelles chaînes logistiques. Les ruptures de charges peuvent ainsi se multiplier et on constate souvent un recours plus important au transport.

Au sein des chaines d’approvisionnement alimentaires, les défis logistiques à relever semblent donc importants pour mettre en œuvre de manière efficace les principes de l’économie circulaire. Ils visent ainsi à la mise en place d’un nouveau segment de chaine (la logistique inverse) incluant transfert des informations, des flux financiers et de marchandises (déchets ou contenants) du consommateur au producteur ou structure de valorisation et la mise en œuvre de nouvelles coordinations. En outre, ces défis s’ajoutent à ceux existants : le taux de retour à vide et les taux de remplissage des camions, qui ont des marges d’améliorations en chaines courtes comme longues, le poids des coûts logistiques qui pèsent sur certains circuits et enfin les externalités du transport et de la logistique qui grèvent le bilan environnemental de l’approvisionnement alimentaire. La thèse se propose de questionner les enjeux logistiques associés à la diffusion des principes de l’économie circulaire dans les filières alimentaires. Il s’agira de produire de la connaissance sur les nouvelles chaines logistiques ainsi constituées par la mise en œuvre de ce maillon de logistique inverse à ce jour manquant. Les enjeux sont à la fois économiques, environnementaux et géographiques. Ils concernent les distances et ce faisant la localisation des lieux logistiques associés : points de collecte des biodéchets ou des consignes, points de lavage spécifiquement pour les consignes, centres de tri, plates-formes de valorisation, mais aussi l’organisation de cette logistique par les acteurs. Ils concernent les modalités de gestion de ces flux, en termes de coûts comme en termes d’optimisation des taux de remplissage et de limitation des trajets par exemple. Les Hauts-de-France seront le terrain de ce travail. Réduire les déchets ménagers et les déchets industriels, recycler tout ce qui peut l’être, encourager le compostage, généraliser le tri, lutter contre le gaspillage, figurent parmi l’objectif "zéro déchet" du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) de la Région Hauts de France (Région Hauts-de-France, 2019).