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EVOLUTION DES FORMES D'EMPLOI DANS LE TRM

Evolution des formes d'emploi dans le TRM est un projet financé par le MTES, DGITM entre 2018 et 2020.

Ce projet se propose d’analyser les évolutions les plus récentes de recours à des formes nouvelles d’emplois dans le transport de marchandises léger et rapide. La problématique du dernier kilomètre implique des problèmes de congestion, de stationnements et de coûts que les nouvelles plateformes numériques de course urbaine gèrent par le biais de la sous-traitance à un auto-entrepreneuriat de masse : 84% des entreprises de transports créées en 2016 sont ainsi des entreprises individuelles, ce qui constitue une augmentation de 22% par rapport aux années précédentes. Notons d’ailleurs que 17 000 entreprises de transport routier de marchandises ont été créées entre 2015 et 2016, soit une progression de 110 %. S’agit-il d’une véritable révolution de l’organisation de la gestion de la main d’œuvre comme le prétendent par exemple Denis Jacquet et Grégoire Leclerq dans leur best seller, Ubérisation un ennemi qui vous veut du bien (2015) ou Alain Griset, ex Président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat, (assemblée plénière du CESER Hauts de France, 2017) ? C’est-à-dire une sous-traitance spécifique auprès d’unités strictement individuelles sans salariés remplaçant les salariés jusque-là recrutés en CDI ou CDD. Le statut de « micro-entrepreneur » a en effet des avantages pour les plateformes qui évitent la gestion financière et humaine des contrats de travail et, pour les coursiers et chauffeurs livreurs qui peuvent ainsi a priori gérer leur vie professionnelle sans relation de subordination et avec une flexibilité horaire et contractuelle qui leur permet de poursuivre une activité parallèle (projet associatif, métier artistique, projet intellectuel etc.). Le recours à la sous-traitance auprès de nombreuses entités individuelles a néanmoins d’autres impacts moins positifs : une baisse de prix de la course, une montée du travail illégal (déclaration nulle ou partielle à l’URSSAF) et un ensemble de risques socioéconomiques liés à la vulnérabilité de ces microentreprises : taux de défaillance des entreprises deux à trois supérieurs à la moyenne, insécurité des trajectoires professionnelles, absence de protection sociale du travailleur, déséquilibre des relations économiques etc. Faut-il alors, à l’instar d’Alain Supiot, accompagner cette flexibilité d’une forme de sécurité attachée à un nouveau statut, une nouvelle catégorie de travailleurs juridiquement libres mais économiquement dépendants vis-à-vis des plateformes ?

Contact : Pétronille Rème-Harnay